Philippe Croizon, un nageur handicapé habitant Châtellerault, amputé des membres inférieurs et supérieurs des suites d’un dramatique accident, va tenter entre le 13 et le 20 septembre de traverser la Manche à la nage. Il compte réaliser cet exploit à l’aide de prothèses munies de palmes.
Le contexte : en 1994, Philippe bricole son antenne sur le toit de sa maison. Au moment de redescendre, il pose le pied sur son échelle. Il est foudroyé à deux reprises par un arc électrique de 20000V causé par une ligne haute tension ne respectant pas les normes de distance. Il est carbonisé là où l’électricité est passée. Les reins et le cœur sont touchés. Il doit subir l’ablation des quatre membres. Lors de sa longue convalescence, il regarde sur l’écran de télé de sa chambre un épisode de Thalassa intitulé « Dame de nage ». Ce reportage raconte la énième traversée de la Manche de l’anglaise Alisson Streeter. Philippe se dit « moi aussi, un jour peut-être ».
Enfin, il y a 18 mois, il décide de réaliser ce projet qui n’a en fait jamais quitté son esprit. Il prend contact avec moi par téléphone. Au départ, je suis un peu surpris, mais comme j’ai déjà assisté à des compétitions eau libre avec des handicapés, je me suis dit « Pourquoi pas ? ». Il faut juste que je lui explique ce à quoi il doit s’attendre. Il ne s’agit pas d’un projet que l’on réalise sur un coup de tête. Même s’il effectue la traversée en combinaison et avec des prothèses prolongées de palmes, il y a toute une préparation à effectuer. D’un état de « sportif de canapé », ¨Philippe doit apprendre à passer à l’état de nageur avec ce nouveau corps. Il doit s’entourer d’un entraîneur, d’un préparateur, de partenaires et d’ingénieurs pour concevoir et fabriquer les prothèses. Puis c’est les premiers entraînements : nage en piscine avec des séances de plus en plus longues, puis l’essentiel de la préparation avec des sorties en mer.
Après avoir visionné un des reportages télé qui lui sont consacrés, je constate qu’il y a pas mal de choses à améliorer. Après avoir repris contact, nous décidons de nous retrouver un week-end à Palavas avec Cathy. Je vais profiter de ces trois jours pour lui faire part de mon expérience. Nous avons parlé d’alimentation, de communication avec le bateau, d’organisation, de programme d’entraînement, d’orientation mais surtout il a nagé en mer. Nous avons d’ailleurs amélioré quelques petits points au niveau de ses prothèses.
Dans moins de six mois Philippe s’élancera d’Angleterre pour réaliser sa traversée. Ce qui est sûr c est que je l’ai trouvé super-motivé, mais il avait évalué son temps de traversée à 15-20h, en le voyant dans l’eau j’ai plutôt pensé à 20-25h, il a donc encore une longue préparation devant lui. En tout cas ceci a permis à ma famille de le rencontrer, lui, son coach Valérie et sa compagne Suzana et nous avons su vraiment apprécier sa bonne humeur et sa joie de vivre, je suivrai son aventure de très prés !