La Manche est un bras de mer entre l’Angleterre et la France. Elle relie l’océan atlantique à la mer du Nord. Son point le plus étroit se situe au niveau du Pas-de-Calais, entre Douvres et le Cap Gris-Nez. Sa distance est d’environ 33 km. La traversée de la Manche à la nage est le marathon aquatique le plus célèbre depuis la tentative réussie de Matthew Webb, le 25 août 1875.
Pour rallier l’Angleterre à la France par la force des bras, il faut un effort physique équivalent à deux marathons à la nage de 25km d’affilés. La ville a même érigée des statues en hommage aux nageurs.
Les courants, les méduses, la navigation, la pollution, les conditions météorologiques et la froideur de l’eau lui font mériter son surnom de » l’Everest de la natation ». En moyenne une tentative sur huit est couverte de succès.
Pour qualifier au mieux ce qui nous attend, rien ne vaut l’article rédigé par Paul Hamelle, dans le Journal du « Miroir des Sports » datant du 17 août 1922. Cet article n’a pas pris une ride :
« La Manche ne s’attaque pas de front ; avec elle, il faut biaiser, zigzaguer, ruser : voilà la vérité dont tout aspirant aux « Channel Honours », doit se pénétrer, d’abord.
Cette petite Manche est une grande coquette, la Célimène des mers. A la regarder, certains jours, des hauteurs de Shakespeare Cliff « Si bleue, si calme » et si mince, il semblerait qu’on n’ait qu’à ouvrir les bras pour l’étreindre qu’à étendre la main pour toucher l’autre rive, toute claire à l’horizon ; qu’elle-même vous y portera dans un doux bercement. Ne vous y fiez pas : sa douceur est trompeuse ; sa gentillesse, un piège, « un piège qui s’azure » : instantanément, elle change et se courrouce et repousse l’audacieux qui crut à son sourire ; une brise a passé sur elle, un caprice. Oh ! Il n’est pas besoin qu’elle se fâche : un simple plissement de sa surface suffit : harcelé par la meute rieuse des vaguelettes qui lui battent le visage, lui entrent dans la bouche, l’aveuglent, l’affolent, l’intrus en a bien vite assez. D’autres fois, indifférente d’aspect, elle le balance de droite à gauche, de gauche à droite, selon le jeu de ses marées ; ou, tout soudain, elle lui dépêche un bon petit courant bien froid, qui glace ses muscles et son courage ; ou, plus traîtresse encore, elle reste jusqu’au bout calme, le laisse s’avancer, s’approcher, jouir mentalement de la victoire ; et puis, sans violence ni colère, irrésistiblement, par la force mystérieuse d’un autre de ces innombrables courants qui sont en elle et que nul ne sait qu’elle, elle l’écarte de la terre plus que promise, presque touchée. Cela, c’est le grand jeu dont elle n’use qu’avec les forts, « ceux à qui elle veut faire sentir cruellement sa virginale puissance ».
Cette Manche tant convoitée, Cathy, Alexandra, François et moi-même allons tenter de la traverser en ce mois de juillet 2002.