Ultra-Marathon de l’Ebre (Espagne) – 30,8km

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L’Èbre est le plus puissant des fleuves espagnols. Sa longueur est de 928 km. Il prend naissance dans les sources de l’Híjar, à Peñalabra, à 1 980 m d’altitude et se jette dans la Méditerranée en Catalogne, par un grand delta de 320 km² près d’Amposta (province de Tarragone).

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L’Ultra marathon de l’Ebre est une épreuve d’eau libre (descente de rivière) sur un parcours de 30,830km de Tivenys jusqu’à Amposta. Nous avons rendez-vous le vendredi 30 août à Tortosa pour le briefing de l’épreuve dans l’hôtel qui sert de quartier général à la manifestation. La ville se trouve à mi-distance du parcours de la traversée. Tortosa est la capitale de la Comarque (un canton en Espagne) de Baix Ebre dans la province sud de Tarragone et donc la plus grande ville du delta. Elle a été occupée par les Ibères, les Romains, les Musulmans, les Castillans et les Catalans. Il y a de nombreux sites d’intérêt à Tortosa : des beaux parcs, des palais, des collèges royaux, un château et bien sûr, le fleuve Ebre que nous allons devoir descendre à la nage.

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Au cours du briefing en catalan qui sera une nébuleuse pour moi, nous allons faire la connaissance de nos accompagnateurs kayakistes. C’est une jeune demoiselle prénommée Angela qui a été désignée pour être mon « ange gardien » lors de cette traversée. Elle ne parle pas un mot de français et c’est au milieu d’un brouhaha sans nom que je vais essayer de lui expliquer la planification de mon ravitaillement pour ce long périple. Elle paraît avoir bien compris ce que j’attends d’elle et à quel moment précis elle doit me passer mes boissons énergétiques…

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Le samedi 31 août, tous les nageurs et accompagnateurs ont rendez-vous à 5h50 devant l’hôtel de Tortosa afin de prendre les bus qui nous conduirons sur nos lieux de départ. Les nageurs en direction de Tivenys et les kayakistes sur un site plus en aval du fleuve. Avant d’embarquer, je retrouve Angela afin de lui remettre les bouteilles numérotées qu’elle devra me passer aux heures prévues et … une montre car elle n’en possède pas !!! Nous allons mettre une trentaine de minutes pour arriver sur le lieu de départ à Tivenys. Il fait encore nuit et on se dirige vers les vestiaires d’un gymnase pour se changer et s’enduire de crème solaire car la journée est annoncée très ensoleillée. Pas le temps de s’éterniser car le compte à rebours pour le départ a commencé. On se précipite vers le ponton de départ, mais il n’est pas question de se mettre à l’eau tellement le courant est fort. Nous sommes 57 participants à s’agglutiner sur un ponton d’une vingtaine de mètres qui disparaît complètement au fond de l’eau par le poids des nageurs. Ce qui nous permet de prendre involontairement la température de l’eau, un bon 26°C.

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A 7h00, c’est le départ et, au moment où je me mets à l’eau, je suis emporté par un très fort courant d’une vitesse supérieure à 4km/h, plus question de faire demi-tour ! Je vois le fond caillouteux défiler à toute vitesse. Par endroit, il y a très peu de profondeur, je suis obligé de nager les bras tendus en ne tapant que des pieds. J’assiste sur ma gauche à un magnifique levé de soleil au milieu des arbres qui bordent la rivière. C’est au bout d’une vingtaine de minutes que l’on passe à toute vitesse devant les kayaks qui nous attendent, il ne faut pas se louper.

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Angela m’a repéré et commence à me suivre. Je sais qu’en dehors du ravitaillement, je ne pourrais pas compter sur elle pour m’indiquer les courants les plus favorables et les meilleures trajectoires. Sur une largeur du fleuve de plus de 50m, je vais faire l’accordéon avec les autres nageurs : un moins bon courant pour moi et les nageurs me doublent, un meilleur courant et je les redouble. Il va en être ainsi jusqu’à Tortosa. Cela fait à peine 2 heures que je nage et j’aperçois déjà le château de Sant Joan ou de la Zuda qui domine la ville et le fleuve de sa silhouette.

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Je traverse la ville à toute vitesse, je passe devant une statue implantée en plein milieu du fleuve en évitant de me la prendre de plein fouet, je découvre un magnifique panorama de la ville et de ses ponts. A la sortie de la ville, ma femme est là, sur la rive, et m’encourage. Cela me motive, car Angela n’est pas très expressive et se contente seulement  de me ravitailler aux horaires pré-établis. A la sortie de Tortosa, peu à peu, le courant perd de sa force et l’Ebre s’élargit. Terminé de se laisser entraîner au gré du courant, maintenant il faut fournir l’effort.

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Je nage à présent le long des rives de l’Ebre, les branches de bois qui bordent le fleuve dessinent avec le soleil matinal des ombres agréables sur et au fond de l’eau. Je peux admirer les oiseaux qui se réfugient dans les branchages de la rive, effrayés par mon passage. Sur ma droite je distingue une montagne au bord du delta de l’Ebre, la Sierra del Montsià, un magnifique mirador sur le littoral et les plaines intérieures. Cela fait 10 jours que j’ai traversé le Beltquerung à la nage sur 21km et après plus de 4 heures de nage la fatigue sur mes épaules commence à se ressentir. Les 5 derniers kilomètres s’annoncent des plus durs. Il n’y a plus de courant et le vent d’Est créé même un contre-courant. Le final va se faire au mental. Quand je distingue au loin un pont suspendu, c’est la délivrance. Ce pont annonce l’arrivée à la ville d’Amposta, la capitale de la comarque de Montsià et la plus méridionale de la Catalogne.

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Ce pont suspendu est l’un des symboles architecturaux les plus représentatifs de la ville. Construit en 1915 il fut le premier pont permanent permettant de franchir le fleuve sur sa partie inférieure. Le pont se distingue par ses deux grands pilonnes de pierre en forme d’arc de triomphe s’élevant de part et d’autre du fleuve. La structure du pont, soutenue par des câbles fait penser, en plus petit, à celui du pont de Brooklin à New-York. Lorsque je le franchis, j’entends les encouragements de ma petite famille et distingue la ligne d’arrivée. Je suis talonné de près par 3 nageurs qui vont me faire accélérer sur les 200 derniers mètres.

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Je franchis la ligne d’arrivée après plus de 5h49 de nage et termine à la 16èmeplace sur 57. Avec l’aide du courant, je viens de réaliser les 30,830km du parcours à une vitesse de 1’08 au 100m. Après un tel effort et un mois d’Août riche en traversées, je me précipite entre les mains de la kiné présente à l’arrivée, rien de tel qu’un bon massage aux épaules avant d’attaquer de nouvelles aventures aquatiques …

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