Comme vous avez dû vous en apercevoir, j’aime bien l’eau et surtout m’amuser dans l’eau. Tout naturellement, j’ai également joué au water-polo pendant 3 ans au club de Canet 66.
En tant qu’agent SNCF, je participe en 1989 à la rencontre internationale de water-polo USIC (Union Sportive Internationale Cheminots) qui a lieu à Varna en Bulgarie.
Pour nous y rendre, il nous faut prendre l’avion. Et là big problème, tous les vols sont complets. Nous allons devoir passer par Bucarest en Roumanie et de là prendre un train pour nous amener jusqu’à Varna. Après maints contrôles douaniers et plusieurs péripéties nous finirons par arriver tant bien que mal à Varna. Nous allons passer une semaine agréable à visiter cette ville, se faire des amis, et surtout jouer. Sur les 6 équipes présentent, nous terminerons 5èmes après avoir battu les Allemands.
Devant nous figureront les Russes, les Bulgares, les Hongrois et les Hollandais. Rien d’extraordinaire à raconter sur ces matchs et sur le séjour en lui-même. Le plus anecdotique est ce qui va nous arriver lors de notre retour.
Nous reprenons le train de nuit pour retourner de Varna à Bucarest. Nous nous plaçons dans la dernière voiture et comme il n’y a pas grand monde nous nous mettons 2 par compartiment pour pouvoir nous reposer. Après avoir passé la frontière vers 2 heures du matin, nous roulons paisiblement vers Bucarest. Notre chef de délégation water-polo se tient debout dans le couloir et regarde vers l’extérieur. Tout à coup, nous entendons un grand choc qui nous réveille puis un second, le chef de délégation se jette par terre en nous criant : « on déraille ! ! !» Et là nous allons passer une vingtaine de secondes à être secoués dans tous les sens. Nous allons passer un long moment cramponné tant bien que mal dans nos compartiments en attendant que cela se passe. Puis, il va y avoir un autre grand choc puis la voiture va enfin stopper.
Nous voulons sortir de la voiture qui se retrouve en travers sur 3 voies, mais nous sommes dans le noir au milieu de nulle part avec en travers de la sortie un fil électrique, pour l’alimentation de la machine, qui n’arrête pas de faire des étincelles. Tout le monde se regarde et personne ne parle. Nous sommes choqués. Dès que nous retrouvons nos esprits, les questions fusent : que c’est-il passé ? que fait–on ?…
Puis le fil électrique va cesser de crépiter et nous allons nous précipiter hors de la voiture avec tous nos bagages.
Et là nous allons attendre sur un petit chemin en plein milieu de la nature que quelqu’un vienne nous chercher. On s’aperçoit à ce moment qu’il n’y a que notre voiture qui a déraillé et on se dit que l’on a eu beaucoup de chance. Il n’y a aucun blessé. Les seules égratignures sont dues aux bagages qui nous sont tombés dessus. Au bout de 30’ nous apercevons enfin une lumière qui s’approche de nous en marchant. La personne nous parle, mais bien sûr nous ne comprenons rien. Avec des signes, il va nous demander de le suivre sur le chemin. Il nous accompagne en tête du train, arrêté beaucoup plus loin. Là nous nous installons à 6 par compartiment et nous allons finir tout le reste du trajet les yeux grands ouverts à faire des bons à chaque choc de la voiture.
Arrivée à Bucarest, un comité d’accueil nous attend et va nous prendre en charge jusqu’à l’heure de notre avion en fin d’après-midi. Ils vont nous offrir le petit déjeuner, le repas de midi et vont nous faire visiter avec un minibus la capitale roumaine. Tout ça pour nous faire oublier certainement ce qui venait d’arriver ! ! ! Contrairement au voyage-aller, nous n’aurons jamais été contrôlés, même à l’aéroport.
Malgré cet incident, nous gardons tous un très bon souvenir de ce séjour, et lorsque nous nous rencontrons les années suivantes, nous nous remémorons que cet événement. La compétition étant passé au second plan.
J’ai quand même mis plusieurs années avant de pouvoir dormir dans un train la nuit et même encore maintenant je sursaute lorsque l’on est un peu plus secoué que d’habitude, car avec les trains, tout est possible, la preuve !