Swim Mogador Island 2016

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Une île chargée d’histoire

Au large d’Essaouira (ancienne Mogador) se trouve un archipel constitué de deux grandes îles et de petits îlots proches de la côte. Cet Archipel, connu des Romains sous le nom d’iles Purpuraires, du latin purpura, nom de la couleur pourpre qui provient d’une matière première locale étonnante, le Murex. Il s’agit tout simplement d’un coquillage qui, une fois traité, devient une teinture et donne le pourpre. Cet Archipel fut visité durant toute l’Antiquité par les marchands méditerranéens. Des traces révélées par les fouilles archéologiques marquent le passage successif et la présence sur place des Grecs, Chypriotes, Phéniciens, Carthaginois et surtout Romains. L’île principale s’appelle « île de Mogador », « îlot de Mogador » ou « Grande île », elle s’étend sur 30 hectares et fut fortifiée au temps de Mohamed Ben Abdellah (18ème siècle). A l’exception de la présence de mouettes, goélands et de rares faucons Eléonore, l’ile est aujourd’hui déserte et ne laisse entrevoir que quelques ruines. Parmi ses ruines, une mosquée avec son minaret, quelques fortifications abandonnées et la prison de Mogador construite par le Sultan Moulay Abdelaziz au 19ème siècle.

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Cette prison encore bien visible de nos jours est un vaste carré à ciel ouvert de 150m de côtés, fermé par des murailles hautes de 3m, et sans aucune construction au milieu. Des tessons de verre au sommet de la muraille de la prison dissuadent tout visiteur. Pour y pénétrer et en sortir, il existe un passage unique à cinq portes de différentes tailles qui s’enchaînent les unes après les autres de la plus grande à la plus petite. L’histoire raconte que dans les premiers temps, il était permis aux prisonniers de s’installer sous des tentes. Mais l’autorisation fut rapidement retirée, lorsque quelques prisonniers, à la faveur de cet abri, ont tenté de creuser un tunnel pour s’enfuir : les habitants de cette prison ont donc été par la suite exposés été comme hiver à toutes les intempéries. Au début du 20e siècle, la prison fut utilisée pour accueillir les pèlerins à leur retour de la Terre Sainte, pour le contrôle médical réglementaire.
Aujourd’hui, l’île de Mogador est devenue une réserve biologique et ornithologique prisée. Afin de préserver la vie sauvage les îles sont fermées au public et seuls quelques pêcheurs sont autorisés à s’en approcher.

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De l’île de Mogador à Essaouira – 2,2km

Le samedi 22 octobre 2016 au matin, je marche avec mes accompagnateurs à travers les dunes de sable sur la plage d’Essaouira en suivant un dromadaire qui tracte … notre bateau . A l’horizon, les îles, magnifiquement éclairées par le soleil qui se lève, protègent la baie contre les rouleaux de l’Atlantique. Lorsque nous arrivons au bord de l’eau qui commence à se retirer sous les effets de la marée, nous mettons immédiatement à flot l’embarcation. C’est avec un vent force 3 à 4 et des vagues de bord de presque 2 mètres que j’embarque sur le bateau moteur qui va me conduire 2km plus loin jusqu’à une petite plage située au sud de l’île, au pied de l’ancienne prison. Cette baie d’Essaouira est mondialement connue des véliplanchistes et des surfeurs car ici la force et la régularité des vents en font un « spot » de rêve. A l’approche de l’île, nous sommes secoués par les vagues provenant de l’Atlantique et les courants inverses causés par les effets de la marée. Le bateau ne peut s’approcher et c’est à la nage que je rejoins le lieu de départ de ce qui doit être ma 21ème évasion à la nage d’une ancienne île-prison jusqu’au continent.

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Lorsque je pose le pied sur le sable, je suis accueilli par des centaines de goélands qui tournent autour de moi. Tout comme le vent et les vagues, les cris des goélands font partie de l’atmosphère de l’île. Comme elle est interdite au public, ma présence les intrigues et ils me le font savoir par leur cri strident. Je marche sur le sable où, à demi enfoui, se trouve un canon du temps de la fortification de l’île. Je m’assied à ses côtés en attendant le moment du départ qui devrait être donné par le bateau accompagnateur. Malheureusement l’embarcation a noyé son moteur à cause des fortes vagues et ne peut plus assurer ma sécurité. Les goélands, de leur côté, se sont habitués à ma présence et quelques-uns s’approchent de moi par curiosité. L’attente commence à se faire longue et je profite de l’occasion pour contempler les différentes ruines. C’est un moment privilégié, car les visites sont interdites sauf dérogation à caractère scientifique. J’admire ce cadre magnifique. Evasion, détente, culture, bien-être… Je réalise à quel point mes aventures aquatiques peuvent me faire découvrir des sites extraordinaires.

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Soudain, les goélands se remettent à voler et crier dans le ciel, des embarcations arrivent aux abords de l’île pour m’accompagner et me font signe de me mettre à l’eau. Je jette un dernier regard vers l’île et sa prison et rentre progressivement dans l’eau. Je plonge dans cet océan Atlantique à 17°C qui me secoue dans tous les sens. Je suis emporté par les courants et repoussé par les vagues, un peu comme dans une « lessiveuse ». Je m’éloigne du bord pour être protégé de l’île et la remonte en la longeant. Je ne distingue que des falaises où se trouvent les fortifications avec leurs canons d’origine puis un petit port où seuls quelques pêcheurs accostent ponctuellement.

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A sa hauteur, je change de direction et me dirige vers la grande plage d’Essaouira. Les vagues me viennent de la droite et légèrement de dos. Je respire donc sur la gauche pour éviter d’avaler de l’eau. A chaque respiration, je distingue la ville d’Essaouira avec son vieux port, ses remparts et sa médina. De temps en temps lorsque je respire sur la droite je distingue les dunes et ses collines d’arganiers. Je me dirige vers la plage, les vagues sont de plus en plus puissantes et m’emportent, certaines font plus de 2 mètres, je nage au milieu des surfeurs et j’en termine avec mon évasion en faisant du bodysurf. Après plus de 2km, je pose les pieds sur la plage où je suis accueilli par la foule venue m’encourager. Parmi eux, il y a les nageurs qui vont prendre part à la 1ère édition du « Swim Mogador Island » ( une épreuve de 4km dans la baie pour promouvoir la natation en eau libre au Maroc), les dirigeants de Fédération Royal Marocaine de Natation et celles que je remercie chaleureusement pour leur incroyable talent d’organisation, Edith Molina et Renata Thieck Alami pour m’avoir permis de m’évader de ma 21ème île-prison.

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A la suite de mon évasion à la nage de l’île de Mogador à Essaouira, j’ai pu participer en collaboration avec la Fédération Royale Marocaine de Natation, à une sensibilisation aux risques de noyades, aux marées, aux courants et apporter des notions de base autour de la natation en eau libre à une cinquantaine d’enfants de l’Association « Au Coeur de L’amitié Euro-Marocaine ». Une très belle initiative mise en place par les organisateurs Edith et Renata qui œuvre pour la pratique et le développement de l’eau libre au Maroc !

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