Hossegor : championnat de France de sauvetage 2005

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Lors de la foire aux associations de 2004 à Montpellier, je remarque un stand avec une planche de sauvetage exposée en décoration. Ce matériel, je l’ai déjà vu lors de ma traversée à Sydney en 1995. Il s’agit de la planche qu’utilisent les « Lifeguards » Australiens (maîtres nageurs au bord des plages) pour sauver des vies au milieu des grosses vagues. Ils en ont fait un sport populaire le Surf Life Saving, traduisez Sauvetage Côtier. Comme j’avais été séduit par ce sport lors de mon séjour, je n’hésite pas à me renseigner. Les responsables, Sébastien, Aurélie et Ronan, sont jeunes et dynamiques et vienne tout juste de créer le club au nom d’« Aqualove sauvetage ». En plus du sauvetage côtier, ce club propose des formations BNSSA, AFPS et surveillant de baignade. Il offre des activités aquatiques comme les bébés nageurs, les cours de natation et d’aquagym. Le sauvetage sportif se caractérise par deux spécialités : le sauvetage « eau plate » (épreuves qui se déroulent en piscine) et le sauvetage « côtier » (épreuves qui se déroulent en océan et sur sable). On y pratique la nage, la planche de sauvetage (paddleboard), le surf ski (kayak), la course, du remorquage de mannequin, des courses avec palmes. C’est un sport complet qui se pratique toute l’année. La semaine qui suit la foire aux associations, j’assiste aux premiers entraînements à Palavas en plage. Très vite, je n’ai pas hésité une seconde à m’inscrire à ce club. Nager en mer ne me pose pas de problème, mais là où cela commence à se corser, c’est lorsqu’il faut que je monte sur un kayak et sur une planche. Je passe plus de temps à tomber dans l’eau qu’à m’entraîner sur le matériel. Par contre, par la force des choses, je deviens très rapide, surtout pendant les entraînements d’hiver, pour me remettre dessus afin de tenter d’y arriver ! Petit à petit, je vais apprendre à mieux me positionner et me stabiliser. Je progresse lentement mais sûrement. Il est temps de tenter une compétition.

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A l’automne 2005, avec les sauveteurs d’« Aqualove », nous prenons la direction de, l’océan et plus exactement de la plage d’Hossegor pour participer aux championnats de France interclubs et individuels de sauvetage côtier. Nous sommes tous très motivés et espérons faire de bons résultats. Pas encore très au point en planche et en kayak et très mauvais en sprint sur le sable, je décide de faire l’impasse sur ces épreuves et de me consacrer aux différentes épreuves de nage et de relais. Mon objectif : terminer dans les huit premiers de la nage et cela rapporterait des points au club. Pour cette épreuve, les sauveteurs partent de la plage, courent quelques mètres et plongent dans les vagues. Ensuite il faut effectuer un parcours de nage d’environ 300 à 400 mètres en contournant deux bouées correspondantes à l’épreuve et revenir sur la plage pour franchir la ligne d’arrivée. Durant les trois jours de compétitions, un vent d’Espagne nous apporte un air doux. En plein mois de novembre, c’est l’été indien… A Hossegor c’est, dit-on, le « Vent qui rend fou »… C’est avec ce grain de folie que nous allons vivre ces championnats. 22 clubs… 230 compétiteurs sont présents. Le niveau est très haut, de nombreux sauveteurs sont venus chercher une sélection en Equipe de France. J’attaque ma série qualificative pour l’épreuve de nage sans vraiment connaître mes adversaires. Je sais qu’il y a d’excellents nageurs dont le champion et recordman du monde de sauvetage en piscine et je sais aussi que je suis le plus vieux à participer ! Les vingt-quatre premiers sont sélectionnés pour la finale. Je remplis le contrat en terminant en 4ème position avec un sérieux espoir de remplir mon objectif en final. Au club d’Aqualove, il y a un vrai esprit d’équipe qui permet de se surpasser dans l’effort. Et c’est ce qui va m’arriver lors de la finale. Une finale à suspens…

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Nous sommes 48 compétiteurs alignés sur la plage. En fonction du résultat des séries, je me retrouve avec sept nageurs meilleurs que moi sur ma droite, et les autres sur ma gauche. Nous allons devoir contourner les deux bouées amarrées au large, dans le sens des aiguilles d’une montre. La mer est peu agitée mais avec des vagues assez hautes qui se brisent au bord. Le départ est donné et après quinze mètres de descente dans le sable, je me retrouve déjà à la traîne. Une grosse vague de bord arrive et avant qu’elle ne se brise, je plonge et la traverse comme une torpille. Je me retrouve à la hauteur des premiers. Là, fort de mes expériences passées, je vérifie régulièrement mon orientation en repérant la bouée de contournement à chaque fois que je suis en haut de la vague. Comme je l’ai déjà dit auparavant, dans le creux cela ne sert à rien de tenter de se repérer. Soudain, les nageurs situés sur ma droite commencent à dériver vers la deuxième bouée de droite, ils ne sont plus dans l’axe. Oups !!! Une petite vérification en haut de la prochaine vague : je suis bien sur la bonne trajectoire, je ne change rien. J’arrive sur la première bouée en tête. Les meilleurs, après avoir constaté leur erreur, reviennent sur la bonne bouée, mais j’ai déjà pris pas mal d’avance. Une cinquantaine de mètres plus tard, à la seconde bouée, je vire toujours en tête. C’est maintenant la dernière ligne droite. Je peux peut-être réussir à faire un bon résultat. Dix mètres après avoir contourné la deuxième bouée, je suis rattrapé par l’homme des records mondiaux en sauvetage piscine. Il faut que je m’accroche et que je reste sur son côté gauche pour prendre la vague qu’il crée en nageant. C’est l’avantage de l’eau libre, il n’y a pas de ligne d’eau pour nous séparer et on peut utiliser toutes les forces en présence.

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Il ne faut surtout pas que je lâche sa vague, si j’arrive à le tenir, je suis sûr de monter sur le podium. Je vais y mettre toute mon énergie et rester à côté de lui dans un long coude à coude… A la sortie de l’eau, il va se relever trop tôt et être stoppé net par le ressac d’une vague. A ce moment, je n’en crois pas mes yeux, il vient de commettre une erreur fatale. Je passe devant lui et m’extrais de l’eau au dernier moment d’un coup de rein rageur. Il faut que je tienne bon les 15 derniers mètres de montée dans le sable. Mes pieds s’enfoncent par le poids de mon corps, c’est tuant. Autour de moi, j’entends crier « Aqualove » et d’autres sauveteurs qui m’encouragent, je peux y arriver. Je crois que je n’ai jamais couru aussi vite de ma vie… je franchis la ligne d’arrivée… en tête, épuisé mais hyper ravi. Le camp d’« Aqualove » est en pleurs…ce sont des larmes de joie et d’amour. Ils me prennent tous dans leurs bras : mon épouse, mon fils et les membres du club, des sauveteurs d’autres clubs viennent me féliciter, ça fait chaud au cœur.

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Cette finale restera gravée dans ma mémoire, j’ai obtenu un titre national à 42 ans devant mon benjamin de 20 ans, c’est vraiment valorisant !

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