ans le but de promouvoir la natation en eau libre et faire connaître les principales traversées existantes en France, la FFN met en place, en 1999, la première coupe de France de natation en eau libre. Cette coupe a pour objectif de permettre aux nageurs amateurs de grands espaces de pratiquer leur sport tout au long de l’été ainsi que de les préparer et les sélectionner aux championnats de France et autre compétitions internationales. Elle permet également aux principales organisations existantes de se fédérer, tout en les labellisant. Treize étapes de 5km ont composé la première édition. Cette coupe de France remporte un vif succès et les organisateurs présents la première année décident de renouveler l’expérience l’année suivante. D’autres sites intéressés font leur demande pour intégrer le circuit. Devant cet engouement, la FFN doit modifier son règlement et inclure les traversées d’une distance inférieure et supérieure à 5km. A partir de 2003 le championnat de France 25km compte comme étape de la coupe de France. C’est la seule distance supérieure à 10 kilomètres. Il faudra attendre 2008 pour voir apparaître dans le calendrier national une étape de 15 kilomètres dans le Loiret.
Présentation
Cette épreuve a lieu le premier week-end de juin dans le cadre du « Trophée des 3 îles de Cépoy ». En 2010, elle se déroule dans le cadre de la fête du nautisme de l’Agglomération Montargoise sur le plan d’eau de Cépoy. Il faut effectuer neuf boucles d’un circuit d’1km600 autour de 3 petites îles. Ce type de parcours est fréquent en plan d’eau ayant une surface réduite. Cela comporte beaucoup d’avantages pour les organisateurs. Le nageur dispose de ses affaires au départ et à l’arrivée, le public voit souvent passer les nageurs et il y a possibilité d’un point de ravitaillement fixe. En ce qui me concerne, s’il y a bien une chose que je déteste, ce sont ces circuits à reproduire plusieurs fois. Je préfère nettement les épreuves en ligne droite car, pour moi, c’est plus facile à gérer psychologiquement. Mais s’il existe une épreuve de plus de 10 kilomètres en France, pour un passionné de marathon comme moi, il faut que j’y participe au moins une fois ! N’ayant pu m’y rendre lors des précédentes éditions en raison d’un planning assez chargé, en 2010, je bloque ce week-end là sur mon agenda sportif et n’hésite pas à m’inscrire dès l’ouverture des inscriptions. Un autre impératif m’oblige à participer à cette épreuve : durant l’été 2010, j’aimerais pouvoir participer en Hollande à l’un des plus anciens marathons amateur européen, la traversée de Stavoren à Medemblick. Pour pouvoir envoyer mon dossier et espérer participer à la course hollandaise, je dois justifier avoir nagé un 15km en moins de 4h11’.

Un ami de 30 ans
Mais voilà, quinze jours avant la traversée, nous avons quelques jours de beau temps et j’en profite pour aménager mon jardin et faire du désherbage. Quelle erreur ! Au final, j’ai droit à une superbe tendinite du coude droit : mon « désherbelbow ». Lorsque je nage, j’ai une légère douleur et il m’est difficile d’attraper une bouteille pendant les ravitos. Cela risque d’être un peu gênant lorsque je vais devoir me ravitailler. Je pense déjà que cela va être dur de réaliser le temps pour la Hollande. Mais malgré la douleur et les mauvaises conditions météos annoncées, je monte y participer car cette traversée dans le Loiret est l’occasion pour moi de revoir mon ami nageur Jean-Luc et sa famille. Je ne l’ai plus revu depuis notre dernière virée en Italie pour les championnats du monde des maîtres de 2004. Je vais monter la veille chez lui et faire le trajet en train que j’ai souvent fait auparavant lorsque je montais le rejoindre avant de nous rendre sur des traversées. Il habite à 200 mètres de la piscine où il s’entraîne habituellement. Ce jour-là se déroule une compétition pour les enfants. Je vais avoir l’occasion de revoir des amis et dirigeants que je n’avais pas vu depuis longtemps. Nous allons nous remémorer tous nos souvenirs et ce que nous avons fait depuis tout ce temps passé ! Les enfants de JL ont bien grandi et le lendemain Jean-Luc s’est inscrit avec son grand garçon, Valentin, sur l’épreuve de 3 kilomètres qui se déroule en même temps que le 15 kilomètres. Le dimanche matin, nous voilà partis tous en ensemble en voiture comme au bon vieux temps pour Cepoy.

Le briefing
Arrivés sur place, le temps est maussade et des averses sont annoncées. Certains nageurs que nous croisons parlent d’annulation. Nous nous dirigeons au secrétariat pour avoir plus d’information et on nous informe que l’on en saura plus dans un quart d’heure lors du briefing. Nous récupérons notre bonnet et attendons le briefing. Les nageurs du 3 et du 15km se retrouvent quelques instants après autour des officiels de la course. Nous apprenons que la température de l’eau est à 22°C mais que les conditions météo risquent d’entraîner l’annulation de l’épreuve. Le départ aura lieu à l’heure prévue mais si au cours de l’épreuve les conditions météos engagent la sécurité, la course sera arrêtée. De grosses averses avec orages sont attendues. Dans ces conditions on nous explique ce que le règlement, ou plus exactement « leur » règlement prévoit. Si c’est pendant les 3km, les épreuves sont annulées et il n’y aura pas de classement. Si c’est pendant le 15km, il faut que le premier ait couvert les 2/3 de la course pour qu’un classement soit établi en fonction des positions sinon il n’y aura pas de classement. Sympa, pour moi qui ai besoin d’un temps sur 15km ! Mais comme je le dis souvent : « la météo est une science inexacte », avec un peu de chance cela va se vérifier et il n’y aura pas d’annulation de course…

La course
Le départ des 3 et 15km est donné en même temps. Nous sommes environ une centaine à nous élancer dont une trentaine pour le 15km. Pour nous différencier, la couleur des bonnets n’est pas la même. Les bonnets blancs du 3 km partent à toute allure et il faut éviter de se mettre dans leur rythme si l’on ne veut pas avoir de surprise par la suite. Je m’écarte légèrement et me mets à nager à mon rythme. Si je veux nager moins de 4h11, je dois effectuer le tour en moins de 28’. Avec les années, je nage comme un diesel, je prends un rythme et j’essaie de le garder jusqu’à la fin. Fini les accélérations usantes pour rattraper ou éviter de se faire accrocher par un nageur. Je boucle mon premier tour en 25’. J’en profite pour prendre mon premier ravitaillement que me tend depuis un ponton la mère d’une nageuse montpelliéraine. Lorsque je saisis la gourde avec mon bras droit, je ressens une horrible douleur. Mon « desherbelbow » me fait excessivement mal et je suis obligé de changer de main. Un peu gauche avec l’autre bras, j’arrive malgré tout à me ravitailler et reposer la gourde sur le ponton. Je repars avec une vive douleur au bras. Le temps commence à se gâter et la pluie fait son apparition. Par chance, il n’y a pas d’éclairs en vue. Pour les nageurs ce n’est pas grave, nous sommes déjà mouillés mais pour les organisateurs ce n’est certainement pas très agréable. Mes félicitations aux bénévoles !!! A la fin de ce deuxième tour les nageurs du 3km en ont fini. Je vais mieux situer les autres nageurs qui accomplissent le même parcours que moi. Loin devant, un nageur a déjà bien creusé les écarts et commence à rattraper les derniers. Derrière, je nage avec une nageuse Montpelliéraine, Julie, qui a le même rythme que moi. Nous allons faire les 15km ensemble. C’est plus sympa et plus motivant de nager à deux. D’ailleurs dès le 4ème tour la fatigue apparaît et je commence à ressentir des difficultés, j’ai des douleurs au coude et psychologiquement je me dis que je n’en suis même pas à la moitié. Je déteste faire des tours !!! Le fait d’être à deux et de se soutenir permet de retrouver de l’énergie. Je me doute qu’elle est dans les mêmes conditions psychologiques. Avec quelques encouragements lors des ravitaillements, nous effectuons les tours suivants à un rythme régulier. Nous bouclons les tours en 26’ et 27’. Le premier nageur vient d’emprunter l’entonnoir et de franchir la ligne d’arrivée. Il nous reste pratiquement deux tours à parcourir. La météo est plus clémente, il ne pleut plus et nous sommes rassurés car à ce stade l’épreuve ne sera pas annulée. Enfin arrive le dernier ravitaillement, il ne faut pas craquer. Une bonne dose de boisson énergétique, un petit encouragement et c’est reparti. De savoir que c’est bientôt fini, cela me donne des bras et j’accélère un peu, cela serait bien de terminer en moins de 4 heures. Derrière la nageuse s’accroche, c’est super elle tient le coup. Nous arrivons ainsi à terminer les 15km en 3h57. Mission accomplie ! Après l’arrivée, je me dirige vers le ravitaillement mais il ne reste plus grand-chose. Il faut dire qu’une centaine de nageurs, entre les 3 et 15km, sont passés devant nous. Aucune récompense événementielle n’est remise aux nageurs, pas de T-shirts ni de médailles, seul les trois premiers sont récompensés. C’est dommage pour les autres nageurs qui viennent de fournir un tel effort.
Pour ma part, je suis content, je viens de remplir mon objectif et je peux envoyer ma candidature pour nager en Hollande. Il ne me reste plus qu’à prendre une douche (située à 800 mètres de l’arrivée !) avant de me faire accompagner à la gare par mon ami Jean-Luc qui reste très compétitif car il a nagé plus vite que son fiston !
