Fin mars 2006, je reçois une invitation par l’intermédiaire d’Attila, le nageur hongrois résidant en Grèce, que j’avais rencontré lors de ma traversée en Messénie. Il s’agit de participer au 1er marathon de natation de la ville dénommée Sagiada sur le continent jusqu’à Corfou en Grèce sur une distance de 21km. Corfou, appelée par les grecs “Kerkyra”, est la principale ville de l’Île de Corfou, l’île la plus septentrionale de l’archipel des Îles Ioniennes en Grèce. Je suis hyper emballé, d’autant plus que le voyage, l’hébergement et les repas sont pris en charge par l’organisation. Quelques jours de vacances en Grèce avec mon épouse cela ne se refuse pas.
Kalimera !!! Nous arrivons 3 jours avant la traversée et sommes très bien accueillis à l’aéroport. Nous sommes logés à Dassia à 10km au nord de la capitale Corfou dans un magnifique hôtel au bord de l’eau. La veille de l’épreuve les organisateurs y ont réuni tous les participants et leurs coachs au cours d’un dîner avec le Maire de Dassia. Nous sommes 30 participants et nous apprenons que le marathon auquel nous allons participer est organisé par une association de lutte et de prévention contre toutes les drogues. Les médecins impliqués dans cette association veulent mettre en avant la journée mondiale de lutte contre la drogue et le marathon à la nage en est l’événement majeur de la journée. Pendant le repas, les organisateurs vont nous expliquer la journée du lendemain et présenter tous les nageurs ainsi que les pilotes des bateaux qui vont nous accompagner. J’apprends alors que mon bateau pour demain s’appelle ….. PAULETTE !!! A l’issu du repas, on nous a tous offert des petits cadeaux de spécialités locales.
Le samedi matin, nous sommes réveillés à 4h du matin pour nous rendre en bateau jusqu’à Sagiada, un petit village de bord de mer situé à la frontière avec l’Albanie où doit avoir lieu le départ. En chemin, tout le monde s’observe et chacun de son côté commente le parcours. A peine débarqués, nous nous mettons en maillot et commençons à nous graisser. Quelques nageurs se mettent à l’eau et les accompagnateurs rejoignent leurs voiliers. Une fois le départ donné, les premiers kilomètres se font dans une immense baie. Lorsque je respire à droite je voie la côte albanaise, lorsque je respire à gauche ce sont les côtes grecques. Je me positionne de suite avec le groupe des trois nageurs de tête. La mer est d’huile, pas une ride à la surface. Je rejoins « Paulette » où je peux constater que mon épouse, en possession de bracelet contre le mal de mer, est déjà en train de bavarder et plaisanter avec les pilotes.
Un nageur prend déjà la tête et nous distance très vite. Je vais faire ma course au côté d’Attila. Des le 6ème kilomètre cela commence à être dur pour moi, j’ai des douleurs aux épaules mais je m’accroche grâce aux encouragements de Fabienne. Je réussi à être en seconde position à la mi-parcours. Un vent léger vient de se lever et une petite houle ride la mer rendant plus difficile mes passages de bras déjà bien fatigués. J’ai les épaules de plus en plus lourdes et j’ai du mal à les tourner. Au loin, je distingue la citadelle de la ville de Corfou. Cette Forteresse imprenable au large des côtes de la Grèce fut construite pour parer aux attaques venant de la mer. Elle domine la capitale de l’île. L’arrivée de notre marathon est juste à côté. J’essaie d’accélérer mais mes bras ne répondent plus. Attila, en 3ème position, progresse et se trouve maintenant juste devant moi. Je n’arrive pas à l’accrocher et j’ai du mal à le rejoindre.
La forteresse est maintenant sur ma droite, Attila vient de franchir la ligne d’arrivée. Je distingue parfaitement le fond, il ne me reste plus que 300 mètres. J’effectue les derniers mètres au milieu des baigneurs qui m’encouragent. Je termine ce marathon en 5h40 et fini donc à la 3ème place. L’arrivée « à la Grecque » vaut le détour : tous les nageurs en sortant de l’eau reçoivent une coupe et une couronne de lauriers pour la photo traditionnelle, sous les acclamations du public venu nombreux. La télé locale est même venue m’interviewer en français !
La soirée se termine à l’intérieur de la citadelle avec un repas de clôture et une remise de récompenses. Tous les nageurs sont récompensés de la même façon, coupes, médailles, diplôme et couronne d’olivier.