Un championnat de France est organisé en Corse en 2005, voilà une bonne occasion de passer des vacances en famille mais aussi de nager dans un cadre agréable. Nous voilà donc partis, ma petite famille, Cathy et son mari, Jean-Marie et les membres de la « Palme Sétoise » vers Marseille pour embarquer sur le Ferry qui va nous conduire à Bastia. Après une nuit à bord, nous arrivons à bon port. Nous allons rejoindre le nord-ouest de l’île en traversant l’arrière pays. Nous empruntons les montagnes de la Balagne pour nous retrouver surplombant les plages. On s’en met plein les yeux, on admire la vue panoramique qui nous est offerte. Nous sommes hébergés avec les autres compétiteurs dans un village vacances situé à quelques kilomètres d’Île Rousse. Les motivations sont différentes pour les uns et les autres.
Pour nous, il s’agit avant tout de vacances. Calvi n’est pas très loin et nous allons profiter du séjour pour visiter ces deux villes : port et citadelle pour Calvi, belles plages et place bordée de platanes à l’Île Rousse. C’est aussi l’occasion d’acheter des spécialités Corse : gâteaux sec, fromages, charcuterie… Mais il n’y a pas que le tourisme, il faut nager pour les championnats. Avec Cathy, nous allons participer à l’épreuve des 20 kilomètres. Le principe est de faire dix boucles de 2 kilomètres. A chaque passage, on retrouve pour nous ravitailler un bateau ancré à une bouée de contournement avec à son bord Bernard et les autres accompagnateurs. Le pauvre doit rester pendant quatre heures en plein « cagnas » sans pouvoir bouger.
Heureusement pour lui, il n’est pas tout seul et il aura au moins avec qui bavarder sur l’embarcation. Nous sommes qu’une dizaine au départ. Cathy et moi avec nos deux palmes, alors que les autres ont tous une monopalme. Pour nous c’est l’occasion d’un entraînement en endurance avant d’attaquer le programme estival des traversées. Nous allons pouvoir admirer les fonds marins et le paysage, les plages d’Île Rousse sont réputées pour la plongée sous-marine. Je débute ma randonnée aquatique en profitant des fonds marins, l’eau est claire, cela me change de certains endroits en Méditerranée. Mais mon exploration touristique s’arrête très vite, lorsque je m’aperçois que je suis en 4ème position avec deux « monopalmeurs » juste devant moi. L’esprit de compétition revient en moi et je commence à accélérer l’allure. Mon attention n’est plus portée vers les fonds marins mais sur les nageurs situés devant.
Dans le troisième tour, un des concurrents fait une erreur de trajectoire et je me retrouve à la lutte pour la seconde position. Dans le tour qui suit, un petit coup d’accélération et me voilà seul second. Le premier, un grand champion, est loin devant. Je vais mettre tout en œuvre pour maintenir cette position. Le principe de cette course consiste à finir son tour dès que le premier franchi la ligne d’arrivée, comme en « Formule 1 ». Si le premier termine alors qu’un nageur effectue son huitième tour il ne part pas pour un neuvième. C’est ainsi qu’à la fin de mon neuvième tour le suspens est à son comble. Le champion est en train de nous rattraper et d’en finir avec son dixième et dernier tour. Le troisième est 200 mètres derrière moi et il peut se faire doubler comme il peut enchaîner sur un dernier tour avec moi. Je suis à court d’énergie et un dixième tour peut être fatal. Que faire, ralentir pour terminer en même temps que le vainqueur avec un tour de retard mais au risque de se faire doubler au sprint par le troisième ? Ou bien éviter de se faire rattraper et attaquer un dixième tour avec la possibilité de se faire doubler et terminer troisième ? J’arrive à la bouée de contournement et m’arrête pour me ravitailler. J’en profite pour demander conseil à Bernard qui a une meilleure vision de la situation depuis le bateau. Il faut continuer, c’est trop risqué. Me voilà donc reparti pour un dixième tour, j’ai les épaules hyper lourdes. Je nage principalement avec les bras et « mes palmes ne me servent pas à grand-chose » comme le répète désespérément Jean-Marie. Je vais donc me mettre à nager sur le dos pour récupérer et analyser la situation. Youpi et désolé pour le troisième, il vient de se faire doubler dans les derniers mètres, il n’enchaînera pas sur un autre tour ! J’aborde ce dernier tour plus tranquille. Je peux nager en récupération et terminer ma visite des fonds marins. Cela aurait été dommage de ne pas profiter de ce joli paysage qu’il m’est offert d’admirer, dans et hors de l’eau : au fond la faune marine et sur le côté, les pentes des montagnes de l’arrière pays Corse.
Quant à Cathy, elle fait une belle troisième place. Nos vacances ont été fructueuses et nous laissent un bon souvenir. Lorsque le lendemain nous reprenons à Bastia, le bateau qui nous ramène sur le continent, pleins de projets aquatiques nous viennent à l’esprit… Nous reviendrons en Corse… C’est sûr !