Sur les traces de Lord Byron
A mon sens, voyager avec un but est encore plus excitant que de partir à la découverte d’un nouveau pays comme un touriste lambda. Car même si la rencontre avec de nouvelles personnes et une autre culture sont passionnantes, c’est toujours la concrétisation d’un nouveau projet sportif qui me motive d’abord.
Avec mon ami Jean-Luc, nous nous mettons à la recherche de traversées à la nage intéressantes en France et en Europe. Internet n’existant pas encore, nous envoyons des courriers dans les fédérations pour qu’ils nous adressent leur calendrier. Nous faisons un choix de traversées en tenant compte du lieu et de la possibilité de s’y rendre.
En 1993, la première que nous trouvons, par le biais de la Fédération Italienne de Natation, se trouve à Venise : nager sur les traces de Lord Byron, quelle idée géniale ! ! ! En 1818, ce poète Anglais s’installe à Venise pour commencer la rédaction de son « Don Juan ». Mais ce qui va rester avant tout dans les mémoires c’est sa traversée à la nage qu’il réalise du Lido au Rialto. Ils seront trois à tenter l’exploit, lui seul parviendra à l’arrivée.
Après avoir appris vite fait 3 ou 4 mots d’italien, nous nous inscrivons à cette épreuve. Il faut sans douter, celle-ci n’a pas lieu dans les canaux de Venise mais à une courte distance de « Vaporetto ». Elle se nagera dans la mer Adriatique au large de l’île de Lido di Venezia, une station balnéaire animée mais qui sert avant tout de barrière protectrice pour Venise. Le Grand Canal est désormais bien trop pollué pour renouveler l’exploit de Lord Byron.
Après une nuit passée dans le train, nous arrivons tôt le matin, fatigués et courbatus sur la presqu’île. Malgré tout, nous allons passer cette journée à visiter la ville de Casanova et des Doges. Le soir, les lits sont les bienvenus. Dormir, à Venise, l’été, avec une pizzeria juste en dessous de votre chambre, c’est mission impossible, sauf enfin vers 3 ou 4 heures du matin.
Pourtant nous nous levons très tôt le matin pour prendre le premier Vaporetto, direction El Lido et le lieu de rendez-vous de la traversée. Nous débarquons au port de « San Nicolo », où Lord Byron pris le départ de sa traversée. Une fois à terre, nous allons traverser l’île à pied par une large rue arborée qui nous mène jusqu’à la plage. Nous passons au milieu de plusieurs édifices et hôtel du 19ème siècle et arrivons sur la plage aux dunes naturelles de sable fin et doré. La mer Adriatique protégé au nord et au sud par deux digues, est claire et calme. Ce magnifique décor est gâché par la présence non loin de là d’usines avec leurs grosses cheminées. Nous apprendrons bien après l’épreuve que la baignade y est déconseillée en raison de la pollution et de la prolifération des algues.
Sur la plage, nous sympathisons avec 4 nageurs policiers sortis tout droit d’une caricature italienne. Il ne leur manque plus que le peigne dans le maillot. Ils nous donnent quelques conseils, non pas pour draguer, mais pour la traversée et en profitent pour nous indiquer les endroits à visiter après la course.
Plus d’une cinquantaine de nageurs prennent part à cette épreuve de 3km. Nous allons effectivement nager au milieu des algues un allez et retour en longeant la plage dans une eau à 20°C. La course se joue entre les 4 policiers et nous. Au final, c’est Jean Luc qui remporte l’épreuve et se voit offrir un joli trophée fabriqué par les ateliers de verre de Murano. Pour ma part, je termine à la 5ème place.
L’après-midi, nous visiterons les endroits qui nous ont été conseillés, en attendant de reprendre le train, vers d’autres destinations !