Présentation :
Cathy, François et moi décidons en 2005, de participer à la 24ème édition de la « Manhattan Island Marathon Swim ».
Cette épreuve de natation, autour de l’île de Manhattan, est longue de 45km. Ce marathon, dont la 1ère édition a eu lieu le 14 septembre 1982, est maintenant organisé par la Manhattan Island Foundation. Toutes les informations relatives à l’inscription sont sur le site de l’Association : http://www.swimnyc.org/.Evidemment, aux Etats-Unis, il n’y a pas de petits profits et participer à cette course a un coût. Si vous désirez prendre le départ, il faut compter 1200 euros (non remboursables). A ce prix, ils vous fournissent un bateau, un kayak, un juge, un T-shirt et un bonnet. Les bénéfices sont, ensuite, reversés à des associations caritatives new-yorkaises. Pour notre part, nous allons participer sous les couleurs d’une association qui lutte contre une maladie dite orpheline: la Choroïdérémie : http://france.choroideremie.free.fr
Le parcours de cette épreuve de 45 km permet de faire une visite un peu différente de Manhattan. Le départ et l’arrivée se font à Battery Park, près de l’embarcadère où se trouvent les bateaux à destination de la Statue de la Liberté. Ensuite à la nage on remonte l’East River, en passant sous le célèbre pont de Brooklin et en longeant le siège des Nations-Unis. Puis on pénètre dans l’Harlem River jusqu’au pont de Spuyten Duyvil et pour finir on descend la Hudson River jusqu’à Battery. Evidemment il y aura plus de détails dans les notes sur l’épreuve elle-même. La suite à lire prochainement.
L’inscription :
Pour participer à la « Manhattan Island Marathon Swim », il faut s’inscrire par internet, il est impossible de le faire par courrier, c’est la première sélection. Ceux qui n’ont pas internet, sont déjà éliminés.A partir de l’été 2004, nous allons souvent nous rendre sur le site de l’association « Manhattan Island Foundation » afin de savoir à quelle date il faut s’inscrire. Après quelques péripéties informatiques (évidemment pourquoi tout serait si facile ?), la date du 8 janvier, s’affiche sur le site. Vite : appel à François et Cathy, pour ne pas oublier ce jour. Le 8 janvier, nous sommes tous sur nos ordinateurs respectifs afin de s’inscrire car seulement 25 nageurs individuels seront pris et pas un de plus. Les autres seront sur liste d’attente. Malchance pour moi, au moment du paiement ma carte bleue ne passe pas. J’appelle François et Cathy, qui me disent que pour eux c’est OK. Après une deuxième tentative, toujours rien.
J’appelle François, qui m’avance l’inscription par l’intermédiaire de sa carte bleue, et là ça passe. OUF, il s’en est fallu de peu ! ! ! C’est toujours bon d’avoir des copains prêts à rendre service , même un service à 1200 euros ! Je suis le 23ème inscrit, je pourrais peut-être faire parti du voyage. Car ce n’est pas fini, now il faut que le dossier soit accepté.
Un avant-goût de marathon va commencer. Avant fin février impérativement, il faut fournir par mail : un certificat médical, une radio des poumons, un électrocardiogramme et un justificatif comme quoi on a fait une épreuve de plus de
4h dans une eau à 20° depuis juin 2004. Pour l’épreuve, pas de problème, car j’ai fait le détroit de Gibraltar l’année d’avant. Pour les examens médicaux, je prends les rendez-vous et obtiens les pièces demandées.
Maintenant comment faire pour leur expédier les documents, sans envoi par courrier ni fax, quand on a pas de bon scanner et que l’on a un ordinateur qui date de 1998 ? Après pas mal de péripéties, le nécessaire va pouvoir être fait. J’en profite également pour faire les réservations pour le séjour, sans savoir si nous sommes pris car plus nous tardons et plus le tarif du billet augmente. Dans tous les cas, ce n’est pas perdu, on visitera N-Y. Reste encore quelques formalités, ils ont besoin de connaître la taille de notre T-shirt (là c’est facile XXL) et dans quelle matière nous voulons avoir notre bonnet de course (tissu, plastique ou silicone), ainsi que les coordonnées de nos accompagnateurs avant fin mars impératif. Quelle rigueur ! ! ! Cela doit être une manifestation bien rodée et on s’attend alors à trouver à l’arrivée une superbe organisation digne du marathon de New-York en course à pied.
Le verdict tombe fin avril. Nous sommes pris tous les 3. Super ! ! ! Reste à préparer nos valises.
Le séjour :
La « Manhattan Island Marathon Swim » est prévue le 9 juillet et nous avons organisé notre séjour sur New-York du 2 au 10 juillet, afin de nous habituer au décalage horaire et nous permettre de profiter de la ville.
Nous allons faire le plein de visites et balades dont une journée à Washington. Nous allons aussi monter sur l’Empire State building, flâner dans les rues de Time Square et Central Park, visiter le musée MOMA, assister au feu d’artifice grandiose de l’Indépendance Day… Mais nous n’oublions pas ce pourquoi nous sommes là et il faut trouver un lieu pour s’entraîner et faire des repérages du parcours.
Il n’est pas question de nager dans l’Hudson River ou l’East River avant le jour de l’épreuve, « Baignade interdite ». Il nous faut donc trouver une piscine. Dès notre arrivée le dimanche, François et moi, nous rendons à une piscine indiquée sur la liste trouvée sur internet. Et là, quelle surprise ! ! ! Le prix d’entrée d’une piscine n’a rien de comparable à ce que l’on trouve en France. 25 dollars l’entrée ! ! ! Oui, vous avez bien lu 25 dollars (22 euros). Que faire ? A ce prix, nous décidons de laisser tomber l’entraînement du dimanche et de remettre ça le lendemain sur une autre piscine. Mais dans n’importe quelle piscine de New-York, le prix est de 25 dollars.
Tant pis, il faut nager, nous payons. A ce prix-là, nous nous disons qu’il faut nager longtemps pour rentabiliser ! ! ! Dans les lignes d’eau nous faisons la connaissance d’un nageur américain qui a déjà participé à des épreuves organisées par la Manhattan Island Foundation et il nous explique que pour nager dans les piscines à New-York, il faut être membre du club auquel appartient la piscine. C’est pour ça que le prix est cher si l’on vient qu’une fois. Mais grâce à lui nous pouvons avoir des cartons d’invitation à la journée, ce qui va nous permettre de revenir s’entraîner jusqu’au jour de l’épreuve.
Le Briefing :
Nous sommes le vendredi 8 juillet, il pleut à torrent. Nous avons rendez-vous à 14h au bord de l’Hudson River dans un gymnase pour le briefing de la « Manhattan Island Marathon Swim ».
Après 6 mois de relation internet, nous allons enfin mettre un visage sur l’organisateur, avocat très rigoureux, qui nous a fait miroiter une organisation sans faille. A partir de ce moment, nous allons commencer à déchanter.
A 14h, nous nous retrouvons dans le hall du gymnase avec d’autres nageurs et accompagnateurs. Les responsables ne sont toujours pas arrivés. C’est dans ce hall que va avoir lieu le briefing, en plein milieu de l’entrée du bâtiment. Avec une heure de retard, le responsable de l’association, l’avocat, arrive et prend la parole. Avec son accent américain et en parlant super méga vite, il nous explique que ne connaissant pas la qualité de l’eau, il préfère annuler l’épreuve.
Puis, il renchérit en disant que comme des nageurs et accompagnateurs sont venus de loin, que les bateaux d’accompagnements sont prévus, nous pourrons faire le tour de Manhattan à la nage tout autant que nous lui signions une décharge pour ne pas se retourner contre son association en cas de problème. Tous les nageurs présents voulant nager, bien sûr, nous signerons tous cette décharge.
Puis sur un mur du hall, à l’aide d’un rétroprojecteur, il va nous expliquer le parcours, ces difficultés, ces courants… A la fin nous allons tous nous présenter chacun notre tour, en anglais évidemment. Pour moi cela fût un moment plus dur que si j’avais traversé la Manche aller-retour. ! ! !
Nous allons ensuite (à 17heures ! ! !) nous rendre à la pasta party organsiée pour tous, repas que nous avions réglé par internet, 25 dollars chacun.
Nous allons nous retrouver dans un hangar pourri, en plein courant d’air, au bord de la rivière, livrés à nous-même. Au menu : salades, des pâtes immangeables et un gâteau américain au chocolat quant à lui délicieux pour moi. Nous allons discuter avec des nageurs mexicains très sympas assis à notre table, également un peu surpris de ce que nous venions de vivre.
Nous allons ensuite nous séparer (toujours sous la pluie) pour nous reposer avant le jour J…
Le départ :
Ce samedi 9 juillet 2005, le rendez-vous pour participer aux « Manhattan Island Swimming Marathon » est prévu à 7h30 à South Cove près du World Financial Center.
Nos accompagnateurs, eux, ont rendez-vous plus tôt à 6h45 à North Cove Yacht Club. Ils nous rejoindront et se mettront en place peu de temps avant le départ. Quant à nous, à Battery Park, le folklore de l’organisation continue. Des cartons sont posés sur un banc, c’est là que nous allons nous faire marquer et recevoir nos bonnets.
Petit rappel : pour notre inscription il fallait impérativement dire dans quelle matière nous voulions notre bonnet de course, sinon nous ne pouvions nous inscrire ni participer à la course. J’avais coché la case silicone, Cathy et François également. Et là, surprise ! ! ! Nous nous retrouvons tous avec le même bonnet en plastique orange avec notre numéro inscrit dessus. C’était bien la peine de nous prendre la tête 😉 avec ça…
Vient ensuite le moment de se préparer et de se graisser.
Après quelques séances photos nous nous approchons de l’eau afin de chercher nos kayakistes et nos bateaux qui vont nous accompagner lors de notre marathon. Quelle horreur ! ! ! On aurait dit que les égouts de la ville entière venaient juste de se déverser avant notre départ.
Des détritus de partout au milieu des méduses. Pas très engageant, des kayaks s’approchent et éloignent tout ça à grand coups de pagaies.
Le départ va se faire en trois vagues. Cathy partira dans la première, moi dans la seconde et François ensuite. Entre chaque vague de départ, il y aura un écart de 2 minutes.
Le départ prévu à 8h50 se fait attendre, sans raison. Nous nous asseyons sur un banc pour attendre, le temps est magnifique. A 9h10, enfin, la première vague est conviée à se mettre à l’eau. Puis viendra ensuite mon tour deux minutes plus tard. Je saute dans l’eau.
La température de l’eau est de 21°C et le temps est toujours au beau fixe. Quelle belle visite des rives de Manhattan en perspective ! Le départ est donné et je m’élance à la nage dans l’Hudson River en direction des embarcadères pour la Statue de la Liberté qui pointe sa torche au loin sur ma droite. Lorsque je retrouve mon kayak ainsi que mes accompagnateurs-supporters Alexandra et Thierry, j’ai déjà pris la tête de ma vague et commence à rattraper ceux partis dans la vague précédente.
Le courant m’entraîne tout au long de Battery Park jusqu’à l’East River devant une foule de curieux se demandant ce que l’on fait là …
La course :
Je débute la remontée de l’East River. Après deux kilomètres de nage, je passe sous le fameux pont de Brooklyn. A cet instant, je reçois comme une décharge électrique. Je viens de me faire piquer par une méduse. Cela va me brûler pendant quelques minutes. Dès que la douleur s’atténue, une deuxième décharge. Je sens qu’on va y avoir droit pendant tout le parcours. Je continue sous le pont de Manhattan et celui de Williamsburg. A ce moment de la course, j’ai rattrapé les nageurs de la première vague et me retrouve en tête.
Je me situe à hauteur de la 23ème rue, quand soudain un hydravion amerri non loin de moi. Devant moi, le bâtiment des Nations-Unies et l’île de Roosevelt. Je dois la laisser sur ma gauche et emprunter le chenal ouest.
A ce moment, je suis entraîné par un courant, qui va me faire nager à plus de 12km/h au dire de mes accompagnateurs Alexandra et Thierry. Je vais même dépasser des joggeurs sur le bord de la rive. C’est génial ! A la sortie de ce chenal, ma vitesse va se réduire pour finalement atteindre la normale. A ma surprise et celle de mes accompagnateurs, je ne suis plus en tête. Tous ceux que j’ai doublé me sont repassés devant, ainsi que ceux de la troisième vague. Que s’est-il passé ? ? ? Je ne le saurais jamais.
Erreur de parcours de mon bateau sans doute. Contrarié, je vais remonter progressivement un par un tous les nageurs et me retrouver au 1er check point situé à l’entrée de la rivière d’Harlem et le Yankee Stadium en 2ème position. Le nageur de tête se situe à 50 mètres devant moi. Les eaux de la rivière sont calmes et le courant est nul. Il n’y a plus de méduses. Pendant les 12km de ce parcours je vais en profiter pour doubler le premier et le distancer.
Je vais être mitraillé par les photographes présents sur le bateau de presse, rendant difficile l’approche de mon bateau pour qu’Alexandra puisse me ravitailler.
Après 5 heures de nage, j’arrive à hauteur de Spuyten Duyvil, 2ème check point, largement en tête avec 1000m d’avance.
Je rentre ensuite dans la rivière Hudson pour la dernière ligne droite de 20km dans le courant… tout baigne pour moi à ce moment là.
L’alerte météo :
Je viens de passer en tête au 2ème check point du tour de Manhattan à la nage. Cela fait déjà 5 heures que je nage et je suis en tête avec plus de 1000 mètres d’avance. Devant moi le pont Georges Washington. Je vais de nouveau me refaire piquer par des méduses, mais cela ne fait rien, le plus dur vient d’être fait. Mes bras sont lourds, mais je sais qu’il ne me reste plus que 2h à 2h30 à nager dans le sens du courant assez fort.
Trente minutes après avoir dépassé le 2ème check point et alors que j’arrivais sous le pont Georges Washington, mon bateau accompagnateur se met devant moi et me stoppe. Que se passe-t-il ? ? ? Alexandra m’informe qu’il y a une alerte météo et que tous les nageurs sont priés de monter sur leur bateau en attendant qu’elle passe. Je n’y comprends rien, je suis sous un soleil de plomb. Le juge sur le bateau pointe son doigt derrière moi, et là je m’aperçois que le ciel est très sombre et qu’effectivement il y a une tempête (les restes du cyclone Katrina en Louisiane). Je monte sur le bateau, confiant que l’on repartira lorsque ce sera fini.
Malheureusement, il n’en sera pas ainsi. L’organisateur de l’épreuve, avocat de profession, dès qu’il aura l’assurance que tous les nageurs sont à bord de leur bateau, va annuler la course et demander le retour des bateaux. Là je rage, si j’avais connu ce dénouement, j’aurais continué car lors de mon arrêt j’étais encore sous le soleil.
On va rentrer à toute vitesse vers South Cove et je vais finir mon tour de Manhattan … en bateau. Dix minutes après notre arrivée au port, un soleil de plomb va ressortir. La haine ! ! !
L’organisateur prenant les passages aux check point et les juges ayant noté par GPS l’endroit où nous nous sommes arrêtés, nous espérons qu’un classement sera effectué à cet endroit.
Le soir même, en pénétrant dans le restaurant où vont avoir lieu les récompenses, nous voyons un déballage de trophées gravés qui sont posés au fur et à mesure sur une table. Chouette ! ! Nous aurons un souvenirs. Lors de la remise des récompenses il n’en sera pas ainsi. Et là ce sera un remake de «l’école des fans » à la sauce américaine: tout le monde a gagné ! ! !
Il n’y a pas de vainqueur puisque l’épreuve a été annulée et que nous ne sommes pas partis tous ensembles. La pilule est dure à avaler pour moi. Ils vont nous remettre à chacun une médaille de « Finisher », alors que nous n’avons pas terminé la course et ils vont remballer devant nos yeux… les trophées. En consolation, nous récupérerons un sac avec les souvenirs de la course, un bonnet en plastique et un T-shirt taille L (vraiment trop juste pour moi). A quoi donc ont servi toutes les infos détaillées données sur internet ?
A la question : si je compte y retourner ? La réponse est : je ne pense pas de si tôt ! ! !